2 - Le jargon de l'agent immobilier

2 - Le jargon de l'agent immobilier admin mar, 01/29/2008 - 22:56

Le jargon employé par les agents immobiliers reflète la préoccupation du métier : vendre rapidement. Ce jargon est extrêmement variable d'une ville à une autre. Mais certains termes sont traditionnels : bien mort, tilter, claquer. Ce vocabulaire est d'influence populaire, un langage de bars et de cafés, où se retrouvent les professionnels pour fêter une vente.

Entre collègues : le vocabulaire est guerrier ou ludique. Les racines du vocabulaire sont populaires, sans prétention intellectuelle.

  • Tilter un client : le client a compris que l'offre excédait la demande. Il prend peur et se retire du marché. La vente fait tilt, comme un flipper que l'on a trop remué.

  • Claquer un client : l'agent immobilier a gagné la partie, vous avez signé. Le vacabulaire employé suggère que l'acheteur est manipulé comme un flippeur.

  • Bien mort : invendu et impossible à vendre. Signes : aucune visite depuis 3 mois, aucun appel téléphonique depuis 1 mois. Quand vous appelez l'agence, l'agent immobilier est absent et vous rappellera.

  • Bâton merd*** : bien immobilier en vente, nécessitant de nombreuses démarches et des centaines de visites. En cas de vente, l'agent touche 50% de la commission. C'est bien peu comparé à un bonbon. D'où l'expression.

  • Faire une réussite : jouer de longues heures à deux jeux sous Windows, pour passer le temps.

  • Faire les boîtes aux lettres : travailler dur sans aucun résultat.

  • Jeu de chaises musicales : un client plus astucieux vient de comprendre qu'on pouvait faire un jeu de chaises musicales en sélectionnant les 80% de biens invendus. Quand on a éliminé les prétendants, il ne reste qu'un seul élu. Et quelle baisse de prix ! Dans une situation de chaise musicale, un agent immobilier est tenté d'éliminer l'acheteur pour préserver ses relations avec le vendeur.

Avec les acheteurs : plus de délicatesse.

  • Quand c'est au prix, cela se vend ! : l'agent immobilier vous rappelle que nous ne sommes pas dans un système soviétique et qu'il existe un circuit commercial. En conséquence, votre bien immobilier a un prix. Après plusieurs mois de tentative de vente, vous voilà rassuré !!!

  • Quel est votre budget ? : attention, danger, ne jamais répondre à cette question. L'agent immobilier dispose parfois de quatre fois plus de biens à vendre que d'acheteurs. Dans une économie ouverte et un marché libre, il serait logique que les prix s'alignent sur les budgets et que seuls les biens de qualité se vendent. L'agent immobilier pose cette question pour fixer le prix. Si vous dites 250.000 €, on vous présentera uniquement les biens situés entre 200.000€ et 300.000€. Vous serez alors bernique et raterez la superbe affaire à -50%. Ne répondez jamais à cette question. Si vous avez donné l'information concernant votre budget, changez d'agent immobilier.

  • Prix affiché : prix rêvé par le vendeur. En période de hausse des prix, le prix est fixé par le client, qui lit des journaux d'annonces gratuites et choisit systématiquement le prix relevé le plus cher. D'où un effet de hausse incontrôlée, qui peut désespérer les âmes sensibles. Mais ces prix sont virtuels. Sans acheteur ... pas de prix.

  • Prix de vente : après avoir baissé culotte et accepté une offre entre -20% et -50%, n'attendez pas d'un vendeur qu'il vous révèle les baisses de prix consenties. En France, tout ce qui touche à l'argent est tabou. Si vous avez de la chance, les ***** vont saisir le vrai prix dans la base de données, mais il est probable que ce prix sera écarté par les statisticiens car non-conforme. Bref, la seule façon de connaître le vrai prix de vente, c'est de le demander à l'acheteur, qui est parfois très difficile à contacter. Alternativement, vous pouvez faire une caméra cachée, comme celle de Marseille, où un agent immobilier vous sort des statistiques officieuses, indiquant une baisse de prix de 15%. Forcément, la presse n'est pas au courant et d'ailleurs, pourquoi la mettre au courant pour une broutille ?

  • Tout se vend : en période faste, un vendeur de bien immobilier reçoit 2 à 3 propositions, grand maximum. En période de crise, un vendeur reçoit entre zéro et une proposition. L'expression "Tout se vend" signifie qu'en baissant assez les prix, un vendeur recevra UNE offre, à condition d'avoir de la chance et tomber sur un gogo, qui n'a pas compris qu'on pouvait pratiquer le jeu de chaises musicales.

  • Petite annonce ou magazine gratuit: publicité. Attention : il s'agit du prix affiché.

  • Négociable : le prix de mise en vente est systématiquement gonflé de 5%, pour vous offrir la remise habituelle. En d'autres termes, tous les prix sont par définition négociables. Mais ce n'est pas cela la vraie négociation. A partir de -20%, vous pouvez estimer négocier les prix sur une base habituelle. A partir de -50%, vous commencez à faire une bonne affaire.

  • Faites une offre, je transmettrai : proposer -50% et attendre que l'affaire se fasse 6 mois plus tard.

  • C'est une indivision : les indivisions sont des situations tellement abracadabrantesques que les indivis cherchent parfois par tous les moyens à se débarrasser du bien immobilier, dont ils n'ont par définition plus besoin. Toute baisse de prix est indolore, car il faut diviser la baisse de prix par le nombre d'indivis. Ainsi, si vous faites une offre à -100.000€ sur une indivision de 4 héritiers, la comptabilité mentale de chaque vendeur sera de -25.000€, un chiffre plus facile à accepter.